Le Surcyclage Immobilier: Convertir des Bâtiments Collectifs Non-Résidentiels en Logements Permanents pour les Personnes en Difficulté
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En 2020, la crise du coronavirus obligeait les pouvoirs publics à se mobiliser pour mettre à l’abri les personnes sans domicile et pour limiter les expulsions. De nombreuses villes en Europe ont été poussées à agir d’urgence. Une étude de Médecins Sans Frontières, menée entre le 23 juin et le 2 juillet 2020 auprès de 818 personnes réparties sur quatorze lieux d’intervention de l’ONG en région parisienne, a en effet montré les effets de la promiscuité et du surpeuplement dans les lieux d’accueil pour personnes en grande précarité : la circulation du virus a été plus particulièrement active dans les situations où la promiscuité était la plus forte, c’est-à-dire quand la personne devait partager chambre, douches et cuisine avec plusieurs autres personnes. Face aux risques représentés par ces potentiels foyers de contamination, les recours aux hébergements avec des espaces de vie individuels se sont multipliés.
Ces solutions d’urgence ont démontré les capacités de l’intervention publique lorsque la volonté politique ne fait pas défaut. Ainsi, partout en Europe, des chambres d’hôtels, des bâtiments privés vacants, des unités modulaires ont été mobilisées pour héberger des dizaines de milliers de personnes sans abri. Un rapport de l’Université de Washington de novembre 2020 sur « L’impact des hôtels en tant qu’abris d’urgence non collectifs pendant la pandémie » répertorie les résultats positifs de l’initiative du canton de King, à Washington, qui, depuis avril 2020, a permis de transférer plus de 1 000 personnes sans abri depuis des centres d’hébergement d’urgence collectifs fortement peuplés vers des chambres d’hôtels. Parmi ces résultats, la limitation de la propagation du covid-19 et de nombreux bénéfices pour les utilisateurs : stabilité résidentielle et sentiment d’être chez soi, engagement accru avec le personnel, bénéfices pour la santé, le bien-être et le sentiment de sécurité, réduction des conflits interpersonnels, plus grande concentration sur les objectifs futurs, etc. Le rapport pointe également le manque de cohérence d’un retour aux abris d’urgence surpeuplés et la nécessité d’envisager de nouvelles approches.
Mais l’hébergement d’urgence coûte très cher. L’investissement dans des solutions de logement sur le long terme pose donc une alternative financière intéressante et positive pour les autorités publiques, mais les temps d’opérations d’acquisition ou de construction peuvent être longs. Si les unités de logements sociaux sont les plus adéquates à mobiliser pour loger dignement et durablement les personnes sans domicile, il est possible – et souhaitable – d’identifier d’autres solutions complémentaires, telle que la mobilisation et la transformation d’hôtels ou d’autres structures collectives non-résidentielles.
De tels projets nécessitent des investissements majeurs et des interventions radicales, en termes de modifications structurelles et de travaux d’adaptation, de dispositions légales et administratives, de permis d’urbanisme, de changement d’usage commercial vers le résidentiel, de normes de sécurité incendie et accessibilité, ou encore d’acceptation par la communauté locale.